AUTOUR DES MOTS : atelier d'écriture ludique

 

 

"Ecrire, c'est avancer mot à mot sur un fil de beauté" Maxence Fermine

L'écriture est un formidable moyen d'expression à la portée de tous. 

Les ateliers d'écriture permettent de se poser, de prendre du temps pour soi et d'échanger avec les autres.

Écrire c'est s'exprimer pour se libérer, pour être entendu, pour partager ses émotions ; c'est aussi développer son imaginaire, apprendre à structurer sa pensée et savoir l'exprimer clairement...

L'écriture est ouverte à tous : il suffit tout simplement de se lancer !

En quelques dates :

- Mardi 20 septembre 2022 à 18h30

- Mardi 14 février 2023 à 18h30

- Mardi 23 mai 2023 à 18h30

Gratuit - Sur réservation

 

Quelques textes écrits par les participants de la séance du 26 mars 2019

Le thème de la séance :

La poésie : l'écriture dans son expression poétique

À partir d’une expression à utiliser au sens propre  ; 

À partir d’une photo ; 

À partir d'un premier vers de Rabindranath Tagor - Le jardinier d’amour – La jeune lune 

(© Merci de respecter le droit des auteurs et de ne pas utiliser ces textes sans autorisation)

À partir d’une expression à utiliser au sens propre : « Perdre la tête »

Le temps passait. Encore quelques minutes et les connections ne se feraient plus. Elle ne pourrait plus réfléchir, s’orienter. Elle ne verrait plus les couleurs, ne serait plus sensible aux parfums !

Les pieds nus sur le pavé humide, au long des ruelles sombres, elle hâtait le pas, courait presque. Les longs voiles qui l'enveloppaient flottaient autour d’elle, ajoutant aux brumes de la nuit une aura diaphane.

Le temps pressait.

Absorbée par ses pensées, elle s’était levée ce matin, s’était habillée nonchalamment, avait rejoint le bord de la rivière. 

Penchée au-dessus de l’eau, elle y avait cherché son portrait et le vertige la prit ! L’onde ne reflétait que son corps, ses épaules, et puis... plus rien ! Était-ce possible ?

Elle leva les bras, chercha dans l’air sa chevelure, son visage, et ne rencontra que l’air soyeux sous le soleil.

Comment avait-elle pu oublier de la mettre ?

D’ailleurs, où était-elle ? Ses souvenirs du réveil s’atténuaient déjà.

Elle connaissait les risques. Perdre sa tête amenait à l’oubli, l’oubli de soi, l’oubli des autres, la disparition de sa personne.

Dans la ruelle sombre, elle ne discernait plus les ombres du soleil, le sol et le ciel se fondaient, elle-même disparaissait petit à petit.

Elle le savait : elle avait perdu sa tête et, cette fois, il était trop tard, trop tard !

Sa dernière pensée fut : si quelqu’un la trouve, qu’il en fasse bon usage, je l’aimais bien !

Et le vent dilua sa silhouette dans un courant d’air.

 

À partir d’une photo

Côte à côte, main dans la main, sur le chemin, ils marchent !

Le temps les pousse, le temps les tient.

À petits pas, depuis ce matin, depuis leur jeunesse, depuis leur amour, ils vont, côte à côte.

Le soleil d’hiver chauffe leur dos et les accompagne. Il éclaire leurs épaules courbées sous le temps, les enveloppe, les dépasse, et allonge au sol l’ombre de leurs silhouettes.

Sur le chemin, côte à côte, main dans la main, elles marchent !

Elle et lui, au crépuscule de leur vie, se voûtent et s’amenuisent tandis que le soleil mourant fait d’eux des géants dans le soir.

 

À partir de la première ligne d’un texte poétique « Il était midi quand vous êtes parti » Rabindranath Tagor 

Il était midi lorsque vous êtes parti.

Le ciel bleu s’est éteint, et la nuit en plein jour

Est tombée brusquement. Et moi, ici, je suis

Comme démantelée par un poison trop lourd !

 

Je ne peux plus bouger, ni penser, ni souffrir.

Je vois par la fenêtre votre ombre, si pâle,

Qui déjà, effacée, sans même un souvenir

Me laisse inachevée. Ah ! Dieu ! Quel est ce mal ?

 

Vous voilà loin de moi, loin d’ici, loin de tout,

Et vous n’existez plus, et je n’existe plus.

Peut-on mourir d’amour ? Puis-je mourir de vous ?

Le ciel bleu s’est éteint. Vous avez disparu.

 

CHRISTIANE ANGIBOUS-ESNAULT


À partir d’une expression à utiliser au sens propre : « Prêter l'oreille »

« - Mais qu'est-ce qu'il se passe ?
- J'ai froid. Ca m'a réveillée.
- D'habitude, ce sont mes cris, qui te réveillent.
- Oui, mais là, j'ai froid.
- Peut-être pourrions-nous réécouter ce qu'il s'est passé ? Par acquis de conscience ?
- D'accord, mais je te dis que c'est le froid.
- Attends, tu vas écouter avec mes oreilles.
- D'accord. … J'entends des cris.
- Normal, jusque-là, puisque c'est ainsi que tu me réveilles, la nuit.
- Essayons l'inverse ; tiens, prends mon ouïe, et sens !
- … Ah oui, effectivement, il fait froid.
- Oui, l'oreille est un thermomètre pour le corps, paraît-il. Je l'ai lu dans un magazine de santé.
- Cela veut dire que...
- Non !
- Si !
- Ne me dis pas que... !
- Si ! Il a encore oublié de commander du fuel, pour la chaudière. Passe-moi une troisième couverture.
- Le pauvre, il a vraiment les oreilles ailleurs, en ce moment. »

 

À partir d’une photo

Une longueur tout en hauteur, jamais large,
Un paradoxe architectural, mais de température aussi,
La brique des immeubles, rendant la chaleur du jour ou la fraîcheur de la nuit,
Les briques de mon passé, laissées derrière mes pas,
Celles de mon présent, que je peux caresser du bout des doigts.
Les briques futures, au niveau de cet homme et de ce chat, devant moi, au bout du mur.

L'homme porte un chapeau, « parce que le futur se découvre », me souffle le chat.
La télépathie avec les félins est une spécialité
Permettant de répondre aux questions essentielles.

Puis, rien ne vient du chat, au sujet de ce croisement.
Devoir l'enjamber, y courir sans regarder avant de traverser ?
S'y jeter calmement, pour mieux profiter des enseignes que mon œil pourra alors accrocher ?

Ce chat me rend jaloux : il en verra tellement, des ruelles étroites, des briques tièdes, des escaliers qui sauvent des vies, des mini-trottoirs, 

des croisements et même des toits, ces chapeaux d'immeubles que j'aimerais tant connaître, comme si je les soulevais.

Il a sept ou neuf vies, je ne sais plus, ce chat.
La mienne est une ruelle.
Pour le moment.

 

À partir de la première ligne d’un texte poétique : 

"Je me rappelle qu'un jour, dans mon enfance, je faisais flotter un petit bateau en papier sur le ruisseau." Rabindranath Tagor 

Je me rappelle qu'un jour, dans mon enfance, je faisais flotter un petit bateau en papier sur le ruisseau.
Je me rappelle qu'un...
Je...
Je me rappelle qu'un petit bateau, dans mon enfance en papier, faisait flotter un ruisseau sur le jour.
Je me faisais flotter, un jour dans mon ruisseau, sur un petit bateau en papier qui me rappelait mon enfance.
Un ruisseau, un petit bateau, du papier, un rappel, un jour, une enfance, un flottement.
Un jour d'enfance, un flottement de bateau, un ruisseau de papier.
Un jour, un flottement, un ruisseau.
Plus personne n'existe.
Plus rien.
Juste un flottement qui subsiste.
Et ce ruisseau.

 

JULIEN SILVAND


À partir d’une expression à utiliser au sens propre : « Parler à coeur ouvert »

Une femme allongée sur un lit, immobile, les yeux ouverts, un chien à ses pieds, le vent souffle dans la chambre. Il fait jour, c’est le matin. 

Des enfants jouent dans le jardin, on entend les cloches au loin, peut être 8 heures ! 

Soudain, une flaque de sang sur le tapis, des gémissements, un couteau dans le coeur et cette femme qui parle, qui parle et qui enfin hurle que la vie est finie …

À partir d’une photo

Le jours se lève, nous sommes en hiver, les nuits sont longues, très longues. Une certaine brume inonde la place, les rues, les ruelles.

Le ciel blanc se reflète sur les pavés gris aussi gris que les façades de ces immeubles. 

Le soleil ne doit jamais atteindre ce quartier. 

On ressent même l’humidité, la pluie, le froid. Aucun passant, rien ! le silence. 

Seule la basilique est plus claire, peut être est-elle la seule à voir le soleil quand il est là !

À partir de la première ligne d’un texte poétique : "Quand elle est partie, la nuit était noire et tous dormaient" Rabindranath Tagor 

Quand elle est partie, la nuit était noire et tous dormaient. Il est minuit, les enfants sont rentrés tard, la fac est éloignée de la maison.

Lui n’a pas parlé de la soirée, peut être des soucis, peut être la fatigue.

Elle a retrouvé ses amis pour fêter le retour de Laura. La soirée a été agréable, légère. 

Ils se sont racontés leurs souvenirs, leurs histoires de jeunesse, les bons moments, les moments plus délicats. Un peu de mélancolie malgré tout  ! 

Et puis, elle est rentrée, sa décision était prise depuis longtemps ! 

Elle partira cette nuit pour enfin vivre sa vie !

VÉRONIQUE 

 

 


 

Quelques textes écrits par les participants de la séance du 29 mai 2018

Le thème de la séance :

Nos vies sont pavées de rencontres :

la résonnance et l'interaction de différents noms et prénoms invitent à l'écriture d'une histoire

(© Merci de respecter le droit des auteurs et de ne pas utiliser ces textes sans autorisation)

 

La rencontre

 

Nous sommes en 2014, je viens d’arriver à la Médiathèque pour y travailler. Une reconversion dans ma vie professionnelle.

La Médiathèque, ce n’est pas uniquement le prêt de documents mais c’est aussi l’organisation d’animations adultes et jeunesse.

Lors d’une de ces animations adultes, j’ai eu la chance de rencontrer une femme qui nous a fait aimer l’écriture des mots. Cette femme, Anne Flo, c’est toi !

Tu animais des ateliers régulièrement. L’appréhension du premier atelier était très grande. Personne ne savait où tu allais nous conduire !

Et puis, petit à petit, tu nous as guidés, nous donnant des petits indices, des petites ficelles pour nous faciliter le travail.

Et puis, stupéfaction, les mots s’enchainaient les uns à côté des autres. Il me semble que le premier atelier était sur les couleurs. Quelle satisfaction d’avoir pu écrire !

On sort de la Médiathèque un peu vidés mais tellement bien d’avoir pu écrire, constuire des phrases ….

Les autres ateliers se sont toujours très bien passés avec des thèmes plus ou moins faciles. Je me souviens d’un où il fallait écrire d’après une photo ! J’avoue que cela avait été compliqué.

Quatre années de textes écrits avec un groupe de plus en plus soudé et toujours un réel plaisir d’écrire et de “partager”.

On pense ne jamais réussir et, grâce à toi, on y arrive et on est supris d’avoir pu coucher sur le papier un petit texte.

Avec ta bienveillance et la gentillesse, tu as su nous guider vers l’écriture. Pesonnellement, tu m’as donné envie d’écrire régulièrement, c’est vraiment une thérapie !

Et pour cela, je te dis MERCI.

Quelle belle rencontre ….

 


 
Erwan, comme son prénom ne l’indique pas, est espagnol, amateur de
musique arabo-andalouse ; il est guitariste dans l’orchestre que dirige
Clément. C’est de leur rencontre qu’est née cette formation musicale.
Qui pourrait reconnaître Erwan dans ce grand homme brun si distingué ?
Seul Clément peut se souvenir de ce jeune garçon perdu, vêtu d’un jogging
crasseux, barbu d’une semaine et nus pieds, jouant divinement de la guitare
dans une rue de Madrid. Il était enfermé dans sa musique, ses doigts sales
qui couraient sur les cordes ne se donnaient pas la peine de ramasser les
quelques pièces lancées par les badauds, son regard flottait au-dessus de la
foule agglutinée, refusant tout contact visuel.
Clément revint souvent, il se plantait devant lui, silencieux, mais chaque fois
un peu plus proche. Il apprivoisait Erwan. La distance entre eux
s’amenuisait petit à petit, insensiblement. Enfin, Erwan sentit la présence
du vieil homme qui semblait absorber sa musique, qui jamais ne mit une
pièce à ses pieds. Leur communion était d’un autre ordre. Ils se
rencontraient dans la musique.
Le moment venu Clément confia à Erwan son rêve d’un orchestre composé
de jeunes des rues de Madrid, donner une chance aux talents méconnus,
donner une chance à de nouvelles vies.
Erwan n’est plus enfermé dans sa musique, il en a fait un cocon ouvert à
tous.
 

Rencontre entre Véronique et Carole

Dans l’immense salle d’attente de l’hôpital usine, le silence règne sous le poids de l’appréhension ; atmosphère épaisse, lourde de souffrances, de questionnements...
Depuis deux heures, moi Véronique je sens mon ventre se déliter petit à petit.
Une biopsie, qu’il a dit le jeune homme en blanc. Ils les prennent vraiment au berceau les nouveaux toubibs. Se soucient-ils seulement de mes angoisses, de ma trouille qui me liquéfie les boyaux ? Ils s’en fichent oui, leurs yeux rivés sur des écrans indécryptables. Mais eux, il parait qu’ils savent….
Mais savent-ils que moi Véronique, bien ancrée dans ma soixantaine, je voudrais vivre une retraite tranquille ? Je n’ai pas envie de passer entre leurs mains soi-disant expertes. C’est qu’ils vont me transpercer le sein avec un « harpon » comme ils disent, les salauds.
Il reste une personne avant moi ; elle est happée par le trou noir de la petite porte à droite. Cela va être mon tour, au secours ! La porte de gauche s’entrebâille…
« Madame Véronique P. » mon cœur se chamaille avec mes aortes. Mes genoux clapotent, j’avale péniblement.
« Oui ! » dis-je en m’empressant de rassembler mes affaires, et j’entends une voix fluette : « Bonjour Madame, prenez votre temps ». Surprise, au bord des larmes de détresse, je me risque à regarder le visage de la petite silhouette blanche. Un sourire plein d’empathie … « Je m’appelle Carole, je vais m’occuper de vous ».
Stupéfaction, relâchement. Un sursaut d’amour-propre retient mes larmes, mes tripes se relâchent.
Comment ne pas répondre à un sourire si plein de délicatesse, dire merci à un visage si disponible et doux ?
Moi la retraitée, je me sens responsable de la toute jeune Carole, responsable de la suite de sa journée.
Alors je lui offre mon sourire : « Bonjour Carole, j’ai peur, très peur, mais avec vous, tout se passera bien ».

MM


MARIE DUBOIS et CLARA CHEVALIER    

— Clara ! Hé ! Clara !

Martine se retourna. Un homme la poussait pour sortir en urgence de la rame bondée du métro. Dans le flot des passagers agglutinés, elle ne put résister à la poussée et se retrouva sur le quai. Le bras de l'homme contre son dos, tendu vers un point dans la foule en mouvance, passait par-dessus son épaule et lui frôlait l'oreille.

— Clara ! cria-t-il à nouveau.

Le souffle chaud de son appel enveloppa le cou de Martine. Elle frissonna. "Clara...". Ce prénom cheminait en elle. Elle ressentit comme une urgence de le poser sur une silhouette, sur un visage.

À son tour elle s'étira pour voir plus loin en murmurant :

— Clara...

Le mouvement s'inversa brusquement et la foule la renvoya vers les portes avec la montée des passagers. Elle résista, s'extirpa du flux et s'arrima par la pensée à l'homme qui battait l'air de sa main par-dessus les têtes amoncelées.

Martine suivait l'appel. Il y avait comme une évidence. Il lui fallait trouver Clara, voir Clara! Cette inconnue lui parlait, l'illuminait. Comment pouvait-on lutter avec l'envie de Clara quand on s'appelait Martine ! Et pire, Martine Dubois ! C'était l'ombre contre la lumière, l'envol contre la lourdeur.

 

Martine se retrouva au bout du quai, épaule contre épaule avec l'homme arrêté près du couloir de sortie. Il était suspendu à la tristesse, muet, voûté. Devant lui l'escalier mécanique grondait en cognements réguliers. La lourde ferraille avait arraché Clara aux entrailles de la terre pour la porter tout là-haut, hors d'atteinte.

 

Martine posa la main sur l'épaule triste.

— Bonjour ! dit-elle. Je m'appelle Martine.


Laure et René : une rencontre  

Laure s'ennuyait dans la vie, alors elle lisait beaucoup, caressait son chat, un peu... La télé ? elle ne pouvait plus l'allumer depuis que les piles de la télécommande étaient mortes ! C'était un signe pour Laure : qu'elles meurent avant elle ! Elle n'irait pas en acheter !

Un jour alors qu'elle se demandait si elle devait finir son livre ou bien s'il fallait aller en courses, elle statua en téléchargeant un énième jeu sur son téléphone. Son attrait pour les lettres et les mots la guida tout naturellement vers le Scrabble. Elle avait bien le jeu de plateau mais François, son chat, n'était pas un joueur de lettres...il préférait les pelotes de laine !

Avec internet, trouver un adversaire était facile. Elle lança une partie aléatoire : une partie qui allait changer le cours de sa vie, mais cela, elle ne le savait pas encore. 

René est apparu sur son téléphone : joueur expérimenté si l'on fie aux statistiques de jeu, mais elle, les chiffres, elle n'aimait pas ça !

René lui souhaite un "Bon jeu" suivi d'un "Bon courage" pas très rassurant...

Il commença, scrabble dès le premier mot : STATION, 70 points.

Elle ne parlait pas aux inconnus, mais face au fair play de son adversaire, elle lui répondit qu'elle allait en avoir besoin !

Les mots s'enchaînaient et les échanges entre eux aussi... Ils ne se connaissaient pas, peut-être étaient-ils voisins ? ou cousins éloignés ? ennemis d'idéaux ? ou d'idéal ? Ils commentaient leur jeu et leur mot joué, ainsi ils apprirent à se connaître. 

CREPES, 42 points : les aimes-tu ?

ROSIER, 28 : j'ai taillé les miens ce week-end !

OEUFS, 15 : moi, je les mange au plat, tous les matins....

Laure et René ne se sont jamais vus, ils ne savent pas où ils habitent ni s'ils sont jeunes ou vieux, chatains ou bruns, français ou canadiens, bibliothécaires ou banquiers, mariés ou célibataires....Qu'importe pour se défier au scrabble, nul besoin de savoir !

Laure ne savait pas qu'elle jouait de son canapé, la plus belle partie de sa vie.


 

Quelques textes écrits par les participants de la séance du 30 janvier 2018

Le thème de la séance :

La perspective du Nouvel An Chinois 2018 mettant le chien à l'honneur,

les participants se sont glissés dans la peau de différents animaux : devinez lesquels ?

(© Merci de respecter le droit des auteurs et de ne pas utiliser ces textes sans autorisation

LES ANIMAUX

C’est une belle journée d’été. Après le repas de midi et le « petit-café-carré-de-chocolat », mon transat me tend les bras dans le jardin. Avant de m’y installer, je dis « bonjour » à Mad-Max, le boxer des voisins qui attire toujours mon attention par un petit aboiement discret. Je vois aussi le chat des voisins, qui préfère dormir dans un de mes carrés de potager pour éviter Mad-Max. Après quelques minutes de lecture, mon livre me tombe des mains et mes yeux se ferment.

    Soudain je me réveille ; mais en fait, je suis dans la tête de Mad-Max, et je vois avec ses yeux : je me vois allongée dans le transat, les yeux toujours fermés ; je me dis que j’aimerais bien que cette gentille voisine vienne me caresser le museau à travers le grillage ; je regarde aussi le chat et je voudrais bien qu’il revienne dans notre jardin parce que j’aime bien l’embêter. Mais tout le monde dort !

    Puis tout d’un coup, je suis le chat ; on me croit endormi, mais entre mes paupières, je surveille le transat, car j’aime bien écraser les légumes de cette dame, mais je ne veux surtout pas qu’elle s’approche de moi et me touche, non mais, je veux être tranquille, moi ! Je surveille aussi Mad-Max, car il est encore jeune et un peu tout fou. Je veux me prélasser en paix !

    Et alors, je suis à présent une tortue, au fond du jardin ; je m’appelle « Sophie », car quand j’étais petite, toutes les tortues que nous avons eu s’appelaient « Sophie » ; ma mère disait que c’était comme çà que devait s’appeler une tortue. Allez savoir pourquoi ! Je sors la tête de ma carapace et j’avance doucement ; je guette le chat qui serait bien capable, pour s’amuser, de me retourner sur le dos ; et qui me remettrait à l’endroit ? Pas la dame endormie bien sûr ! J’aimerais bien qu’elle vienne me caresser la tête, mais elle ne bouge pas.

     Ah, un bruit d’ailes dans le ciel ! Et je me retrouve dans la tête d’un aigle, échappé pour quelques heures du parc animalier. Je survole le jardin à la recherche d’une proie. Je repère la tortue, mais c’est impossible de la serrer dans mes serres. Mais par contre, le chat… Zut, il m’a vu.

    Alors, je deviens un âne ; ma grand-mère m’a raconté mille fois son voyage avec Stevenson dans les Cévennes. On la disait têtue, mais sans elle, Stevenson n’aurait jamais retrouvé son chemin. Elle seule savait où poser le pied dans ces rochers, ou quand il fallait s’arrêter pour éviter l’orage. Et finalement, elle l’a mené au bout de son périple, et il a eu un bon sujet de roman ! Cà avait l’air chouette, ce voyage !

     Et je reviens dans le jardin, en jolie libellule bleue ; je suis heureuse, je volète de ci, de là, il y a un chien et un chat qui me suivent des yeux ; je sais que j’ai peu de temps à vivre, alors je profite à fond de ce bonheur ; il y a aussi une dame dans son transat, qui dort ; je me pose sur son nez ; çà la chatouille et elle ouvre les yeux….

     J’ouvre les yeux, et je mets un moment à savoir où je suis. Mad-Max et le chat me regardent… Ils me regardent bizarrement….. Comme s’ils avaient quelque-chose à me dire…. Tout çà n’était qu’un rêve, bien sûr… . Oui, rien qu’un rêve… Et si ?


Je suis une chatte, ma maitresse m’a nommée Bizou, avec un z. Pourquoi pas ? Au moins, j’ai échappé à « Rikiki » avec deux k, c’est le nom de mon frère !

J’adore me promener dans toutes sortes d’endroits, dans les prés, dans les bois, au zoo, dans les égouts à Paris, sur la banquise au pôle nord …

J’aime les rencontres que j’y fait pour leur variété.

La vache de la ferme d’à côté m’apaise avec ses bons gros yeux et son rythme de vie super cool.

Le cerf que j’ai vu traverser la route à l’autre bout de Saint Arnoult m’a émue aux larmes, ce grand animal s’est vu piégé par un grillage et est devenu une victime affolée malgré son port si fier.

Le singe du zoo me fait trop penser aux hommes ; on dirait des cousins, il a leur adresse mais son regard semble s’être arrêté dans le passé.

Je vois de plus en plus de rats à Paris, surtout quand je prends le métro. Eux ne ressemblent pas aux hommes, ils sont beaucoup plus  intelligents. Mais je ne m’en approche pas trop, même quand j’ai très faim.

Je rentre juste du pôle Nord où j’ai pu  observer la vie de ces pauvres pingouins. Mais c’est pas possible de se compliquer la vie comme ça et d’habiter dans un endroit pareil ! Les mamans font des kilomètres et des kilomètres pour rapporter de la nourriture à leurs petits qu’elles ne retrouveront peut-être même pas en arrivant. Et il fait un froid ! Moi, je déménagerais en vitesse !

J’ai aussi une copine chèvre, elle vit chez les vaches. Elle me fait rire, elle mange n’importe quoi, même le  linge sur l’étendage et elle a la pupille rectangulaire ! J’ai beaucoup voyagé mais j’ai jamais vu un truc pareil !

C’est sympa la vie de chat. On peut raconter n’importe quoi, on vous croit toujours. En fait, c’est pas vrai, je passe ma journée à dormir et rêver. Ma maîtresse  voudrait bien être un chat, elle a bien raison.

Martine Dubois


Je suis arrivée dans ma famille plus tôt que prévu. Je suis jeune, je fais un gros pipi dans l’entrée. Ma maman me prend dans ses bras et me pose dans le panier qu’elle vient d’acheter pour moi. Mais ce n’est pas un panier que je souhaite, mais plutôt les bras !!!

Je fais le tour de la maison, je hume tous les recoins. Je découvre un petit jardin où je vais pouvoir gambader … Il y a des escaliers, chouette je vais pouvoir les dévaler. Je prends mes marques petit à petit.

Tout ce petit monde autour de moi, que c’est bien !

On me lance une balle, je cours après, mais je suis vite fatiguée.

Le soir tombe, je commence à être affamée. J’entends des bruits de croquettes, mais oui c’est bien ça… On me sert, mais je n’ose pas. Et puis hop, une croquette, deux croquettes et me voilà sur le tapis, c’est plus confortable que ce carrelage !

Et puis, le moment du coucher arrive.  Ils croient tous que je vais dormir dans mon panier mais impossible. Pendant cinq mois, chez ma première maman, je dormais sur le canapé donc pourquoi changer ! Mais ici, ils ne veulent pas. Mon papa me remet tout le temps dans mon panier, moi j’en ressors et ça dure longtemps ….. Et finalement, je gagne !

Et depuis quatre ans, mon vrai lit, c’est le canapé et tout le monde est bien content ! Il paraît que je fais le bonheur de ma famille…..

Quelques textes écrits par les participants de la séance du 26 septembre 2017

Le thème de la séance :

Pour pimenter la rentrée, les plumes ont mis en mots quelques belles surprises !

(© Merci de respecter le droit des auteurs et de ne pas utiliser ces textes sans autorisation

LA SURPRISE de Jeannine Roland

Une réunion studieuse d’une dizaine de personnes concentrée sur un thème précis «  la surprise » au cœur d’une médiathèque …L’ambiance est feutrée, libre de tout bruit, les mines sont renfrognées ou souriantes au gré de l’inspiration qui visite ou non les écrivains du moment. Certains auteurs ont déjà rempli à moitié leur page blanche et pour d’autres, le stylo reste figé en l’air ou ils grignotent leur  capuchon … Quant à moi, je cherchais presque désespérément une idée géniale !

Mais vive les temps modernes et l’époque du portable, une petite musique que je connais bien vient de retentir… Evidemment, j’avais oublié de fermer mon téléphone portable, pendant que je cherche mon sac et mon petit rectangle infernal, les regards de tous convergent vers moi… Certains sont compatissants, d’autres SURPRIS (ah! J’ai trouvé l’idée que je vais développer pour cet atelier !)

Après une recherche fébrile aidée par ma voisine de droite qui soulevait le manteau pendant que je plongeais la main dans le sac, je décidais de filer un peu plus loin pour prendre l’appel. La brusquerie de la sonnerie déclenche l’angoisse : qui peut m’appeler à cette heure-là ? Puis la culpabilité : je suis impardonnable et idiote de ne pas avoir coupé mon portable. Bien entendu, quand on finit par être disponible pour la communication,  c’est trop tard, la personne est déjà en train de laisser un message.

Tout ce dérangement pour rien … Je reviens à ma place et les participants m’accueillent avec un timide sourire… Et là … mon stylo me prend la main et me conduit sur la feuille blanche …

Cet épisode du portable qui dérange me fait sourire. Imaginons une semaine sans lui …Comment faisions-nous avant ? Il fallait prendre un café dans un bar, quitter le comptoir et demander au patron qu’il veuille bien brancher la ligne et descendre vers la cabine   ou bien trouver une cabine sur la voie publique, plutôt propre et libre, avoir de la monnaie ou des jetons ou aller à la poste …

Je préfère le XXIème siècle ! On téléphone quand on veut … Par exemple dans le train, certains voyageurs sont très habiles : ils sont assis en face de vous, leur voix est à peine audible et pourtant ils conversent paisiblement ! Leurs interlocuteurs doivent être attentifs …

Tout compte fait, mon téléphone s’est manifesté au bon moment : j’ai fait sourire mes partenaires d’écriture et j’ai rempli ma page qui n’est plus blanche !


Soirée d'anniversaire, sourire, clin d'oeil, vin goûteux, ventre plein, blagues amusantes, famille réunie, poulet et frites abondantes, serviettes grasses, rire gras, plateau de fromages prometteur, attente accrue du dessert qui signifie la promesse de cadeaux !

L'impatience grandit, puis à grands coups de cris, de chants, de "bon anniversaire" et d'"happy birthday", un énorme tiramisu maison bien sûr et bien chargé en cacao pour le goût et la vue, est solennellement posé sur la table défaite, c'est un moment intense comme le chocolat 82% de cacao et le noir intense du café 100% arabica Brésil. 5 grosses et belles bougies installées en étoile comme pour renforcer la surprise à venir, une belle boîte d'allumettes taille géantes pour plus de solennité comme l'embrasement qui déclencheront la prochaine dizaine prometteuse. Les 4 premières fontaines lumineuses remplissent l'espace comme un feu d'artifice scintillant dans la pénombre mais la cinquième, maléfique, sortie d'un esprit torturé se transforme en pétard monstrueux...monstrueux comme le plafond immaculé cacaoté, monstrueux comme le regard noir du récipiendiaire dépité par le cratère fumant du tiramisu et monstrueux comme le fou rire général dont je me régale encore aujourd'hui, monstrueux comme la facture des peintures de nouveau immaculées, vache, quelle surprise !

Armel


Jamais il n'avait aimé les surprises, trop déçu, trop compliqué ! Il s'imaginait toujours tout et n'importe quoi, tout le temps : le bien, le mieux, le "ça ira" et le pire bien sûr ! Si bien que lorsqu'il entendait ce vilain mot, surprise, son cerveau immédiatement se déchaînait, sa respiration s'accèlerait, ses yeux s'embrumaient, sa peau telle une poule se couvrait de rougeurs, sa bouche n'obéissait qu'au silence (mais cela, il avait toujours considéré que c'était une vraie chance !).

Comme tous les matins, Martin savait comment se déroulerait sa journée : café, PMU, repas avec maman, promenade du coin de la rue Lepic jusqu'au Parc Montsouris ; par tous les temps, il empruntait le trottoir de droite à l'aller et celui de gauche au retour. Cette après-midi-là, il fit comme toujours...

Sauf que cette après-midi, c'était sa dernière... 

Quelques textes écrits par les participants de la séance du 21 mars 2017

Le thème de la séance :  ​

De La Boîte à Nouvelles à "La valise était vide",

cette constatation ou révélation permet à chaque participant d'imaginer la mise en place d'une nouvelle...

(© Merci de respecter le droit des auteurs et de ne pas utiliser ces textes sans autorisation

« La valise était vide…. »

L’homme, affalé sur son divan, sentait sourdre en lui l’angoisse. Longtemps, il avait couru après le braquage de la banque.

Son ami et complice, chargé de la valise pleine de liasses, avait disparu. Pourquoi ne venait-il pas le rejoindre chez lui comme convenu ?

Le silence devenait assourdissant. Dans l’obscurité naissante, l’homme caressait son arme encore tiède. Son front se mit à ruisseler de gouttes de sueur, son cœur s’emballait. Qu’était-il advenu de son comparse ?....et surtout de la valise ?

Soudain, un léger grattement à la porte. Aussitôt, l’homme aux aguets se propulsa hors du sofa. Enfin ! Il se rua vers la porte, l’ouvrit d’un mouvement brusque . Personne…..

La valise était là.

Fébrilement l’homme s’en empara, la jeta violemment sur la table, l’ouvrit…

La valise était vide…..

Eperdu d’incompréhension, de colère, de dégoût devant la trahison, l’homme, dans un geste d’effroi et de fulgurant désespoir, posa le canon sur sa tempe et appuya.

Michèle MENCIK


L'heure du départ approchait...L'homme tournait dans sa chambre et, posée sur le lit, la valise était vide. Pourtant, comme il l'avait attendu, ce moment ! Partir avec cette femme admirable, croisée quelques jours plus tôt, et pour elle tout quitter. : sa femme, ses deux enfants, sa maison...

Et pourtant, sa valise était vide : comment oser emporter quoi que ce soit de ce passé commun ? Comment avoir l'indécence de retirer à l'épouse qu'il abandonnait le peu qui lui resterait ?

C'est ce qu'il expliqua en bredouillant à sa maîtresse quant elle vint le rejoindre devant la voiture. Elle fut merveilleusement compréhensive et le rassura : "Ne t'inquiète pas, mon chéri, je n'ai pas eu tes états d'âme, et ce que j'apporte dans ma propre valise suffira amplement pour nous deux : j'y ai mis tout l'amour que j'ai pour toi, mon bonheur de t'avoir rencontré, mes espoirs d'une vie nouvelle, et des trésors de tendresse qu'aucune autre femme n'aura jamais pour toi."

Ce bagage inestimable fut posé délicatement à l'arrière et la voiture démarra, emportant les amants. Au premier tournant, le coffre mal refermé s'ouvrit, la valise tomba sur la chaussée, et malheureusement, aucun des deux tourtereaux ne s'en aperçut. Par chance, une voiture qui passa peu après stoppa devant le bagage ouvert, et le conducteur qui en descendit le regarda avec étonnement : la valise était vide.

Laurent


Le hall d'embarquement ne pouvait contenir plus de monde. Deux heures de retard...."comme d'habitude" entendait-on ici et là. Les hôtesses, je les regardais...je les zieutais même ! Plus le temps passait et moins j'avais confiance....elles ne souriaient plus et évitaient le regard de la foule qui perdait patience.

J'avais un siège, quelle aubaine ! Je ne me serais levée pour rien au monde, enfin peut-être pour une femme enceinte ou une personne âgée...A côté de moi, une mère de famille voyageait avec ses enfants, sans doute pour se rendre au bord de la mer. Dans leurs valises, il ne manquait rien : seau, pelle, rateau, bouée, poupée...

Un cri a retenti dans le couloir, la foule s'est levée, paniquée !

On entendait les mots "attentat", "bombe" "courrez vite"...

Seules la mère de famille et moi n'avions pas bougé....et  avions même pris un fou rire incontrôlé !

Derrière son désespoir strident, la petite avait ouvert son sac Barbie et venait de constater que la valise était vide !

 

 
Quelques textes écrits par les participants de la séance du 24 janvier 2017

Le thème de la séance :  ​

Tous les chemins mènent à la Médiathèque !

Après avoir réfléchi avec Georges Perec à ce qui caractérise la ville de Saint-Arnoult-en-Yvelines, les écrivants ont croisé leurs regards et impressions...

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TOUS LE CHEMINS MENENT A LA MEDIATHÈQUE

N’habitant plus Saint-Arnoult, je m’y rends en voiture. Je vais me garer Place Jean Moulin, devant le cinéma « le cratère ». Quand je suis arrivée à Saint-Arnoult, en 1983, il n’y avait pas de cinéma, ni de supermarché en dessous. Il n’y avait rien, juste un trou sous la falaise, où les joueurs de pétanque se retrouvaient. 

Je descends pour rejoindre la rue Henri Grivot. Sur la droite, ce local vide, c’était un magasin de vélo, tenu par Monsieur et Madame Leroy, dont la fille Dominique était professeur de piano au conservatoire. On pouvait acheter ou faire réparer son vélo, et on y trouvait aussi tous les vêtements utiles pour pédaler par tous les temps. 

Je rejoins le centre ville, rue Charles De Gaulle. Les policiers municipaux font la tournée des disques de stationnement. Je me souviens, dans les années 80, il n’y en avait qu’un, et il s’appelait « garde champêtre ». Il avait une magnifique moustache, on se serait cru dans le film « jour de fête », de Jacques Tati. Il était toujours souriant et avenant.

Je passe par la pharmacie Simonoff. Ce n’est plus Monsieur Simonoff qui la tient, mais sa belle-fille. Il y avait à une époque une deuxième pharmacie, juste quelques mètres plus bas.

Je me rappelle qu’à côté de la pharmacie, il y avait la quincaillerie d’Arthur Cremer. Madame Cremer tenait la boutique dont la vitrine donnait sur la rue : on y trouvait de la vaisselle, des balais, des seaux, des souvenirs, etc.…. Et derrière la porte cochère jouxtant le magasin, on se retrouvait dans un « couloir tunnel » qui descendait, et au fond, on arrivait dans l’antre sombre d’ « Arthur le quincailler ». Il avait forcément « le » clou ou « la » vis qui vous manquait, et il nous a appris comment accrocher notre meuble de cuisine dans le Placoplatre de notre toute nouvelle maison de jeune couple. Il pouvait résoudre tous les problèmes de bricolage ! C’était un personnage local.

Je sors de mes rêveries, car voilà Francine : «  Ah bonjour, comment vas-tu ? Tu va à l’atelier d’écriture tout à l’heure ? Et patati, et patata… » Toujours sympa de rencontrer une copine.

Puis deux magasins beaucoup plus récents, où l’on est toujours bien reçus : le magasin de fruits et légumes d’Elisabeth, une autre copine, et donc, on a toujours quelque chose à se raconter. Et la fromagerie où l’on achèterait bien tout. Il y a aussi les 2 boulangeries, presque l’une à côté de l’autre, mais je les fréquente rarement, car j’ai une très bonne boulangerie à Rochefort, près de chez moi.

Un coup d’œil à la vitrine de « l’Oiseau Lyre », la librairie. A l’origine, elle n’était pas là. Elle était à l’angle de la petite ruelle qui va vers l’église, juste après la boucherie : rue du Martroi.

Je continue jusqu’à la place de la Mairie. Elle n’était pas comme çà dans les années 80. Il y avait de vieux bâtiments, avec une petite bibliothèque dans un grenier, le secrétariat de l’école de musique, et quelques salles pour les cours d’instruments et de danse, gris et un peu vétustes. Le reste du conservatoire se trouvait rue Laguesse harron, derrière l’école Camescasse. Le bâtiment est toujours là, dans un renfoncement, à l’abandon.

Je ne vais pas tout de suite à la médiathèque ; je prends mon téléphone : « Allo, Alice, je suis en avance, je peux passer prendre un café ? ». Et je vais rue de la Fontaine, derrière la Mairie, chez ma copine, en face de la maison que j’ai moi-même habitée jusqu’en 2005.

Ah tiens, c’est l’heure de l’atelier d’écriture. Il ne manquerait plus que nous soyons en retard ! Vite, nous partons et retrouvons le petit groupe à la médiathèque pour un bon moment de partage.


Autour des mots : la balade à St Arnoult.

Du domicile à la médiathèque via SUPER U

La forêt est au bout de ma rue et je la vois de la terrasse : quel joli spectacle ! Et pourtant en un quart d’heure, je suis au centre-ville et c’est une balade que je fais très souvent. Je vais au supermarché acheter trois fois rien : des petits gâteaux  pour le thé et quelques magazines par exemple !

La rue de La Martinière n’est pas très agréable à descendre car il y passe de nombreuses voitures et camions. On y croise très peu de monde sauf deux voisins qui reviennent quand je pars. On se salue courtoisement. Sur la droite, la rue des paradis est plus calme, elle suit la coulée verte et est bordée de quelques belles maisons que j’ai vu construire. Les pins sentent bon et enjolivent le paysage. Là encore peu de passants. Mais j’arrive bientôt au centre-ville et j’apprécie la rue du Billoir pour son nom et ses petites maisons de ville. C’est souvent rue des remparts que l’on rencontre le plus de monde. Discuter, échanger, rencontrer font aussi partie du charme de la balade… Puis arrive le centre névralgique de la ville « Super U » ! Les hôtesses  sont aimables, elles ne font jamais d’erreur de caisse, les gérants s’arrêtent pour vous saluer… Quelle différence avec les grandes enseignes d’une ville !

La rue principale est aussi très typique avec ses porches à l’ancienne et plus animée que l’avenue Grivot .La vitrine de l’opticien, par exemple, exhibe ses sapins enneigés et ses pingouins jusqu’à Pâques !!!

Du jour au lendemain, des lapins à lunettes courent sur la pelouse verte pour chercher des œufs fraîchement colorés !!! En face, le responsable de l’agence immobilière, qui nous a vendu la maison, me fait toujours un petit signe amical quand je passe. Il me reconnaît toujours. Ensuite viennent les commerces plus essentiels : tout est réuni pour entretenir son corps, son intellect, son apparence. Les quelques tables du bar tabac offrent un espace de convivialité restreint… La rue devient plus étroite, le soleil se fait discret : on marche rapidement devant l’étude notariale, le laboratoire et le commerce d’à côté. On peut s’installer tranquillement à St Arnoult, tout y est !!!

On dépasse la mairie et sa façade traditionnelle et on découvre la médiathèque…

Et là, s’ouvre le monde magique des livres : ceux qu’on a lus, ceux qu’on voudrait lire, ceux qu’on a oubliés, ceux qu’on a aimés, ceux qu’on a vite refermés. On y retrouve aussi des êtres passionnés de lecture avec qui les échanges sont simples et riches à la fois, toujours bienveillants et chaleureux.

 

Quelques textes écrits par les participants de la séance du 15 novembre 2016

Le thème de la séance :  ​

"Après avoir traversé plusieurs jardins de mots, il s'agissait de raconter la vie ou

l'histoire d'un légume ou d'un fruit de son choix".

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Le voyage de la rhubarbe

Au fond de mon jardin, contre un mur et dans un coin légèrement isolé, trône, au  milieu du terreau et du compost, une rhubarbe !
Dans son feuillage vert, je devine des rubans rouge, pas tout à fait rubis mais prêts à être épuchés et ça me barbe !
 

Quel fruit filandreux, que de fils à ôter mais à l’idée de la cuisiner, quel courage et quel plaisir arrivent !

Tout d’abord, elle est coupée en petits tronçons. Tous ces petits morceaux vont se ballader soit dans la bassine à confiture, soit dans un joli fond de tarte et après une trentaine de minutes de cuisson, ce fruit si rustique au départ mais si bon à la fin !

Le roi en son potager

Un gros, lourd et majestueux potiron trônait dans le jardin.

Les autres légumes du potager le trouvaient bien hâbleur !

Il était là, si fier, si sûr de lui, il éclipsait tous les autres. Frimeur et prétentieux, il faisait tout pour que l'on ne remarque que lui.

Quand on arrivait, on ne voyait que cette grosse boule orange si arrogante, qui prenait toute la place.

N'en pouvant plus de toute cette impertinence, ses voisins carottes, poireaux et choux se sont réunis en comité.

Et tati et tata, et patati, et patata, petits potins et papotins !!!

Pas de ronrons ni de ronds dans l'eau, la décision tombe. Ignorons ce gros individu vaniteux, imbu de sa personne, qui tourne en rond, qui nous fait de l'ombre sans arrêt, car après tout, même s'il peut se transformer en carrosse, et bien, comme tout le monde, il sera coupé en rondelle, jeté dans l'eau bouillante, sera écrasé et mouliné avant d'être mangé !!

Alors beau potiron, roi en ton jardin, voici notre verdict, nous irons au bois, et te laisserons seul affronter marmiton et ses marrons quand le moment sera venu.
Francine
 

« Il était une soupière » (sur l’air de «Il était une bergère »)

Un jour la cuisinière

Et ron et ron petit cornichon

Sortit la grande soupière

Pour cuire le potiron. (bis)

 

Le chou qui la regarde

Vexé comme un vilain chouchou

Cassa le pot d’moutarde

Car il était jaloux. (bis)

 

Les légumes en colère

Petits grognons mais pas si cons

Se sont roulés par terre

Par peur de la cuisson. (bis)

 

Baignés dans la friture

De toute façon ils finiront

Compote ou confiture

Ils se dégusteront ! (bis)

 
Quelques textes écrits par les participants de la séance du 17 mai 2016

Le thème de la séance :  ​

"L'objet comme but et lieu d'écriture, sur les traces de Francis Ponge et de Lee Seung-U.
Au lecteur de découvrir l'objet précieux à chaque auteur !"

(© Merci de respecter le droit des auteurs et de ne pas utiliser ces textes sans autorisation)

UN OBJET DE NOTRE SAC

 

Il est dans mon sac depuis environ 20 ans ; ma mère me l’avait offert pour un Noël, à ma demande.

Il est tout au fond, indispensable, même si je ne m’en sers pas souvent. Je sais qu’il est là, c’est tout.

Quand j’en ai besoin, je l’ouvre. Je mets parfois du temps à y trouver ce que je cherche et que j’y ai si bien rangé.

J’ai parfois oublié ce que j’y avais mis.

Il est à l’image du reste de mon sac : rempli de choses, utiles ou non, mais qui me rassurent.

Ma mère l’avait bien choisi, car il contient plein de petites niches au fond desquelles j’ai redécouvert des photos de mes enfants que j’y avais enfouies, et même des photos de mes frères et moi-même quand nous étions petits ; et aussi de mes parents à différentes époques.

J’y ai fait le ménage il y a environ un an, après la mort de ma mère. J’ai sorti les vieilles photos que j’ai mises dans un album.

J’ai fait le tri de mes papiers indispensables. Mais j’ai laissé le permis de conduire de mon père qui y est depuis très longtemps, ainsi qu’une image religieuse qu’un cousin de mon mari m’avait donné lorsqu’il a prononcé ses vœux pour être moine, et sur laquelle figure un message d’espoir.

J’ai laissé la photo de mon enfant, morte si petite, et le trèfle à 4 feuilles que j’avais trouvé je ne sais plus quand, ni où.

Et j’ai rajouté une des dernières photos d’identité de ma mère, toujours coquette et impeccable.

Le portefeuille que ma mère m’a offert, en cuir marron, tanné, doux au toucher, et qui me ressemble.


 

C'est un peu comme une maison, dont chaque pièce abriterait une famille différente. La pièce centrale sert de repaire à une foule d'enfants turbulents, qui aiment se frotter les uns aux autres. Les plus grands sont souvent les plus forts, bien sûr. Mais tous ont vraiment bonne mine : rondouillards, le teint cuivré ou brillant. Les plus petits tentent souvent de s'échapper de cette véritable salle de jeu, si bien que l'on a dû prévoir un système de fermeture hermétique. Ils sont parfois tellement nombreux, tous ces mioches, que des parois à soufflets ont été ajoutées, de manière à ce que toute cette joyeuse marmaille, serrée comme des sardines, ne fasse pas éclater le lieu comme une outre trop gonflée ! En comparaison, la pièce de gauche semble bien austère : elle abrite quelques parents ou grand-parents, tout secs et pliés

en deux par le poids des ans peut-être, la peau souvent chiffonnée par le temps...On ne met pas leur valeur en doute, certes, mais en cas de besoin, on les échange volontiers contre une ribambelle de petiots qui rejoindront aussitôt la salle du milieu. Enfin, la pièce de droite héberge de curieuses personnes : pas bien bavardes non plus, mais tellement généreuses : Ce sont elles qui m'emmènent au restaurant, au spectacle,

et même en vacances ! Il y en a une étrange, toute verte, qui me conduit de temps en temps chez le docteur ou à la pharmacie. Pas raciste

pour un sou, elle se sert contre une amie noire, qui me permet toujours d'entrer au cinéma « le Cratère » à tarif réduit. Vous devinez bien sûr comment se finit cette histoire de pièces...ils se marièrent et furent treize euros !

 


Indispensable à mon sac, tu es toujours à portée de main. Jamais je ne t'oublie sans m'en mordre les doigts. Parfois jaune, parfois rouge, quelque soit ta couleur, ta taille reste inchangée, rectangulaire aux angles aigus. Parfois à moitié plein, parfois à moitié vide, ton état dépend de moi, de ma volonté. Tu es enveloppé de transparence qui garantit ton authenticité et ta pureté. Cette fois c'est en Espagne que j'avais

fait ta connaissance mais tu aurais pu venir de Pologne ou de Saint-Arnoult...où que je sois, je sais où te trouver ! Tu me veux du mal et pourtant, sans très bien comprendre pourquoi, je continue à t'aimer...Brunes ou blondes, peut importe, tu es si fragile à mon cœur et

si cher à mes finances. Je ne peux vivre sans toi et, finalement, je ne peux vivre avec...quel dilemme ! Je porte la mort dans mon sac et aujourd'hui, je te déteste.

Mon paquet de cigarettes

 

Il est un objet essentiel dans ma vie.

Pas grand mais tellement important. Il évolue tout le temps. Il peut se perdre, se cacher et finalement réapparaître. C’est un objet

qui peut être vidé, mais qui reprend de l’énergie très rapidement.

Il peut être noir, coloré aussi bien discret que bruyant.

On le cherche très souvent dans un sac, à la maison, dans sa voiture…

Certains diront qu’il est inutile, moi je dirai le contraire.

C’est un lien avec les amis, la famille ; il nous relie aux autres, aux événements, à la vie. Il est a touches, avec ou sans housse.

Je pense que vous avez déjà deviné : il s’agit bien du téléphone portable, objet sans lequel, je l’avoue, je suis liée à jamais !!!


 

Quelques textes écrits par les participants à l'atelier du 22 mars.

Le thème de cette séance portait sur le logo-rallye, un jeu littéraire inventé par l’OULIPO, OUvroir de LIttéraire POtentielle. L’objectif de ce groupe d’écrivains et de mathématiciens fondée en 1960, notamment par Raymond Queneau, est d’encourager la création littéraire au moyen

de contraintes : le paradoxe étant que, pour libérer l'écriture, il faut d'abord l'enfermer dans une ou plusieurs contraintes.

Le défi du logo-rallye consiste à raconter une histoire en utilisant obligatoirement et dans l’ordre sept mots hétéroclites choisis au hasard dans le dictionnaire lors de la séance. L’histoire doit rester courte et cohérente, pourquoi pas un brin loufoque mais suffisamment fluide ! (15 lignes maximum).

Liste préétablie des mots (qui seront, selon, accordés et conjugués) : bougrement, fermage, obérer, rêveusement,tableur, voilure, éclisser.

C'était "bougrement" difficile, mais l'ambiance était joyeuse !

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Misère d’agriculteur

Le fermier Martin, ce matin était pensif : il était bougrement en retard dans le paiement de son fermage, obéré qu’il était par toutes les charges qu’il avait à payer.

Devant ce loyer qu’il ne paierait pas encore ce mois-ci, il se prit à penser rêveusement à son fils qui avait choisi de partir de la ferme et qui après des études d’informatique

vendait un nouveau tableur qui lui permettait de bien vivre. Notre fermier, à cet instant de réflexion, aurait bien larguer les amarres pour un voyage toute voilure dehors,

vers des terres plus souriantes. Mal lui en pris, en sortant il ne vit pas une ornière devant lui et dans sa chute se cassa la jambe, heureux encore qu’il n’ait pas à payer la

facture pour éclisser cette jambe fracturée !


Il est installé à son bureau et paraît bougrement serein. Bien que ses fermages lui rapportent de moins en moins, bien qu'il soit obéré de dettes, il semble ne pas trop s'en faire. 

Rêveusement, il allume son ordinateur, pensant que son nouveau tableur lui affichera de meilleurs résultats. En attendant, il a des songes d'évasion, de vent dans la voilure.

Il a raison, penser quelques minutes à des choses agréables fait du bien ! Mais au vu des chiffres qui apparaissent, il revient bien vite à la réalité. Il faudrait qu'il arrive à

verrouiller, à éclisser les comptes et tout irait mieux. Du moins, il le pense !!.......


Marcel trouvait sa vie bougrement ennuyeuse... Issu d'une vieille famille d'agriculteurs, il s'était senti obligé de reprendre le fermage de son père, mais la PAC, avec ses
contraintes et ses investissements inévitables, avait fini par obérer ses pauvres finances. Et tout en labourant rêveusement ses champs interminables, il calculait mentalement
sa future récolte, pas besoin pour cela de leur foutu tableur ultra-moderne ! De retour à la ferme, il observait avec mélancolie le vieux moulin à vent de ses ancêtres,
à la voilure déchirée, et dont l'un des bras, cassé net à mi-longueur, avait été éclissé dans un premier temps avant d'être finalement laissé à l'abandon.

Version courte :

C'est bougrement difficile, ce jeu ! Si j'oublie le mot « fermage », cela va obérer tout l'exercice ! Alors, pas question d'écrire rêveusement, il faut être aussi concentré

qu'un tableur, pas comme un bateau ivre dont la voilure pendrait en bas de vergues éclissées.

 


 

 

 

Il est dans mon sac depuis environ 20 ans ; ma mère me l’avait offert pour un Noël, à ma demande.

 

Il est tout au fond, indispensable, même si je ne m’en sers pas souvent. Je sais qu’il est là, c’est tout.

 

Quand j’en ai besoin, je l’ouvre. Je mets parfois du temps à y trouver ce que je cherche et que j’y ai si bien rangé. J’ai parfois oublié ce que j’y avais mis.

 

Il est à l’image du reste de mon sac : rempli de choses, utiles ou non, mais qui me rassurent.

 

Ma mère l’avait bien choisi, car il contient plein de petites niches au fond desquelles j’ai redécouvert des photos de mes enfants que j’y avais enfouies, et même des photos de mes frères et moi-même quand nous étions petits ; et aussi de mes parents à différentes époques.

 

J’y ai fait le ménage il y a environ un an, après la mort de ma mère. J’ai sorti les vieilles photos que j’ai mises dans un album. J’ai fait le tri de mes papiers indispensables.

 

Mais j’ai laissé le permis de conduire de mon père qui y est depuis très longtemps, ainsi qu’une image religieuse qu’un cousin de mon mari m’avait donné lorsqu’il a prononcé ses vœux pour être moine, et sur laquelle figure un message d’espoir.

 

J’ai laissé la photo de mon enfant, morte si petite, et le trèfle à 4 feuilles que j’avais trouvé je ne sais plus quand, ni où.

 

Et j’ai rajouté une des dernières photos d’identité de ma mère, toujours coquette et impeccable.

 

Le portefeuille que ma mère m’a offert, en cuir marron, tanné, doux au toucher, et qui me ressemble.